Exceptionnel ! Les résultats au bac de Sanjay Ramassamy ont scotché tout le monde, sauf peut-être le principal intéressé. Avec ses 20,3 de moyenne générale, ce petit prodige, élève de terminale S au lycée Bellepierre, obtient les meilleures notes au niveau national, malgré son “modeste” 13/20 en sport.
Petites lunettes d’intello, dos bien droit... Malgré son air débonnaire et sa barbe naissante, Sanjay Ramassamy a du mal à cacher sa tronche de premier de la classe. D’ailleurs au lycée Bellepierre, tout le monde connaît le petit prodige. Élèves et professeurs s’attendaient à ce qu’il brille au baccalauréat mais la plupart reste interloquée à l’annonce des résultats : 20, 3 de moyenne générale (le chiffre est supérieur à 20 car sont rajoutés au total les notes optionnelles). Une première sur la Réunion depuis au moins dix ans. Au niveau national, on compte sur les doigts des mains le nombre de candidats obtenant cette note maximale depuis les quatre dernières années.
Calme et humilité
“Nous pouvons tous être fiers des résultats de Sanjay Ramassamy, promis à un brillant avenir et qui illustre, par sa réussite exceptionnelle, les progrès constants réalisés par notre académie ces dernières années”, déclarait hier le recteur, Bernard Boëne qui a félicité personnellement le jeune homme. Une réussite qui est avant tout à attribuer à Sanjay. Son secret : “travailler régulièrement”. Cet élève de terminale S, en section européenne d’anglais, travaille en effet deux à trois heures chaque soir après les cours. Il n’y a pas de miracle. Certaines prédispositions et un cerveau bien rempli ? On n’en doute pas mais, comme il tient à le rappeler, “les facilités n’excusent pas le manque de travail, au contraire”. C’est le proviseur lui-même, Alain Cros, qui a tenu à annoncer la bonne nouvelle à Sanjay Ramassamy. Aucune explosion de joie, pas une larme, à peine un sourire... l’élève reçoit l’information avec calme et humilité. “Je suis très content, finit par lâcher l’intéressé. Mon prof de maths avait émis cette probabilité. Une idée que je trouvais un peu farfelue. 20 de moyenne, c’était difficile à imaginer, mais j’ai gardé cette idée dans un coin de ma tête pendant les épreuves. Après le bac, j’ai fait du sport, j’ai voulu oublier tout ça car c’était trop stressant. L’attente des résultats est dure car il y a toujours une marge très floue en philo. Je pensais avoir une mention très bien, voire les félicitations du jury mais pas autant.” Du côté des professeurs, la fierté est de mise et on essaye de se rappeler la dernière fois que Sanjay n’a pas eu 20/20 à une épreuve au cours de l’année. Patrick Hamel, son prof de maths, en a un seul souvenir : un “médiocre” 14/20 qu’il a obtenu un jour, mais uniquement pour gagner un pari avec ses camarades.
“Fort et bosseur”
Les intellos sont toujours nuls en sport, paraît-il. Sanjay Ramassamy ne fera pas taire la croyance. Ce qui est la meilleure note pour certains bacheliers est la plus mauvaise pour lui. Il obtient 13/20 dans cette discipline. Un résultat dont son prof d’EPS, Corinne Robert, reste très fière : “Voyant qu’il n’obtenait pas d’excellentes notes, il est allé chaque matin faire du footing. Jamais je n’aurais pensé qu’il ait une telle note. Non seulement il est fort, mais il est bosseur.” Et malgré ses très bons résultats, Sanjay reste humble et lucide : “Si je suis fier ? Pas spécialement. Le bac n’est qu’une étape, la fin d’un cycle. Ce n’est pas un aboutissement. J’ai encore de longues études à faire.” L’année prochaine, le jeune homme intégrera une prépa commerciale dans l’une des plus prestigieuses écoles de métropole, Henri IV. Après, il espère obtenir le concours HEC ou l’ESSEC avant de se destiner à une carrière dans l’économie ou la finance. Lui reste-t-il une place pour les loisirs dans ce programme très serré de jeune prodige ? Du sport, Internet mais plus d’accordéon, plus le temps. A 17 ans - il n’a jamais voulu sauter de classe pour pouvoir rester avec ses amis - la tête bien pleine et sur les épaules, Sanjay Ramassamy semble promis à un grand avenir. Il est en tout cas, aujourd’hui, l’une des nouvelles fiertés de notre île.
Marie Payrard